Disney : quand les dessins animés deviennent de vrais films
Disney surfe depuis plus de 20 ans sur une tendance qui défraie régulièrement la chronique et affole le box-office : produire des remakes en prises de vue réelles de ses classiques d’animation, tournés avec des acteurs en chair et en os. Pourquoi faire du neuf avec du vieux ? Décryptage.
Des adaptations de plus en plus nombreuses
Les 101 Dalmatiens (1997), Alice au pays des merveilles (2010), Maléfique (le conte de La Belle au bois dormant (2014), Cendrillon (2015), La Belle et la Bête (2017) : autant de dessins animés mythiques tournés en prises de vues réelles complétées par des effets spéciaux numériques.
Le phénomène n’est pas près de s’arrêter. Plusieurs fois par an, Disney annonce un nouveau projet de reprise de dessins animés avec un casting de choix. La dernière sortie en date est un remake de Winnie l’ourson, Jean-Christophe & Winnie, qui donne vie au délicieux ours jaune aux côtés d’Ewan McGregor et Hayley Atwell. En 2019, le programme s’annonce chargé avec les très attendus Dumbo de Tim Burton, Aladdin de Guy Ritchie et Le Roi Lion de Jon Favreau. Le remake de Mulan est quant à lui annoncé pour 2020. De quoi faire retomber en enfance plusieurs générations de cinéphiles.
Une stratégie payante et une prise de risque maîtrisée
Pourquoi assiste-t-on à cette avalanche de remakes de films d’animation ? Parce que ça marche, tout simplement ! Ces films en prises de vues réelles (ou « live action ») sont très rentables. Prenons l’exemple du film de Tim Burton, Alice au pays des merveilles : le film a coûté 200 millions de dollars et en a rapporté environ 1,1 milliard.
Si ces productions fonctionnent aussi bien, c’est parce qu’elles sont fédératrices : elles plaisent aux enfants, mais aussi aux adultes, parents ou non, heureux de redécouvrir un dessin animé qui a bercé leur jeunesse. D’autant plus que ce ne sont pas les succès qui manquent du côté des studios Disney, qui peuvent puiser à volonté dans leur immense catalogue et n’ont le plus souvent aucun droit d’adaptation à payer sur les œuvres. Pratique, lorsque les scénaristes sont en panne d’imagination ou que les producteurs sont un peu frileux.
Ces remakes ont aussi l’avantage de remettre un coup de projecteur sur le film original : diffusion à la télévision, reprise au cinéma, éditions collector de DVD et Blu-ray… La sortie d’un film en prise de vue réelle n’est jamais un événement isolé. C’est l’occasion de ressusciter l’engouement pour des personnages, pour tout un univers et les produits dérivés qui vont avec.
Disney sait toutefois qu’il ne faut pas compter seulement sur la nostalgie. Remettre un classique au goût du jour implique de faire appel à des stars bankables. Cela permet d’attirer les fans de l’acteur ou l’actrice en question, mais aussi de conférer une aura plus adulte au film : les spectateurs hésiteront moins à y aller sans leurs enfants, par exemple. D’ailleurs, on peut se demander si beaucoup de ces remakes, souvent plus sombres et réalistes que les originaux, ne sont pas destinés à un public plus mûr que celui des films d’animation originaux.
Les limites de l’adaptation en prises de vues réelles
Pour autant, réviser ses classiques peut s’avérer périlleux. Cela suppose de conserver l’âme de l’original sans pour autant tout transposer : la poésie de l’animation risque d’être dénaturée dans un contexte de prises de vues réelles. La mort de Mufasa par exemple, interprétée par un Roi Lion plus vrai que nature, pourrait devenir encore plus traumatisante.
Autre écueil possible : le copié-collé. Si c’est pour raconter la même histoire, ou en moins bien, autant continuer à rêver devant des images dessinées à la main. Le scénario doit amener une relecture de l’œuvre originale pour être séduisant. On pense à Maléfique, qui y était parvenu en dynamitant les principes du dessin animé et les contes de fées par la même occasion. Exit le prince, vive les femmes de caractère ! Idem pour Cendrillon dont le remake introduit une bonne dose de psychologie et de second degré à travers le personnage de l’héroïne et celui de sa terrible belle-mère.
Cependant, en allant trop loin dans l’ironie ou la déconstruction du conte, le scénariste risque de s’attirer les foudres d’une partie du public nostalgique de la morale disneyenne et du savoir-faire à l’ancienne, tout en faisant fuir les jeunes. Le faux-pas n’est jamais loin ! Et la moquerie non plus. L’émission américaine phare Saturday Night Live ne s’est pas privée de parodier Bambi avec le musculeux Dwayne Johnson, alias the Rock, incarnant un daim vengeur s’acharnant contre les chasseurs ! Sur le web, un autre clip parodique tourné par la réalisatrice Sofia Coppola met en scène avec succès La Petite Sirène ado à notre époque. On y voit Ariel et son prince de 16 ans se prélassant sur des transats, rappelant immanquablement son long métrage Somewhere.
Les studios Disney semblent donc avoir toutes les raisons de continuer à surfer sur la vague des remakes live action. Mais ce filon ne suffit pas et il s’agit aussi de se réinventer, exercice que le géant hollywoodien maîtrise parfaitement au regard de l’énorme carton de La Reine des neiges notamment ou de l’acquisition réussie de la franchise Marvel. En somme, si les adaptations en prise de vues réelles de ses contes animés ne seront jamais aussi porteuses que les nouvelles créations, elles n’en sont pas moins devenues un appréciable complément d’activité.
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@ClaireFayau