En attendant la nuit : se fondre dans le décor
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Lorsque Philémon et sa famille emménagent dans une petite ville tranquille au cœur des montagnes, ils mettent tout en œuvre pour s’intégrer au voisinage. Mais ils cachent un lourd secret : Philémon n’est pas un adolescent comme les autres, il a besoin de sang humain pour survivre. Comment exister en marge du monde conventionnel ? Dans En attendant la nuit, Céline Rouzet utilise un mythe ancestral pour aborder des maux bien réels.
Épurer le mythe
Depuis des siècles, le vampire ne cesse d’inspirer et de fasciner les auteurs et les cinéastes, comme en témoignent les films Le Vourdalak d’Adrien Beau ou Vampire humaniste cherche suicidaire consentant d’Ariane Louis-Seize, récemment sortis au cinéma. Récompensé du Prix du Jury au Festival du Film Fantastique de Gérardmer, En attendant la nuit nous propose un personnage qui présente les symptômes du vampirisme, sans pour autant être nommé comme tel. Philémon ne supporte pas le soleil et a bien une dentition étrange, mais il est vivant. Dans ce premier long-métrage de fiction, Céline Rouzet dépeint la trajectoire d’un adolescent qui cherche désespérément sa place dans un monde qui ne lui ressemble pas.
En attendant la nuit s’ouvre sur un écran noir et les cris d’une mère et de son nouveau-né. En nous donnant à entendre, sans la voir, une naissance, Céline Rouzet nous fait prendre conscience du paradoxe de naître dans la douleur, pour ensuite passer sa vie à chercher le bonheur. Lorsque Laurence (Élodie Bouchez), la mère de Philémon, comprend la différence de son fils, elle n’hésite pas une seconde : elle prendra tous les risques pour le protéger. Comme dans Le Règne Animal de Thomas Cailley, En attendant la nuit s’intéresse à un monstre qui n’en est un que dans le regard des autres, horrifiés par la différence.
L’arène d’une banlieue tranquille
Contrairement à beaucoup d’autres œuvres qui abordent le vampirisme, Philémon est le seul de son entourage qui possède ses caractéristiques. Entre combines et sacrifices, les membres de sa famille font tout leur possible pour que le jeune homme puisse mener une existence normale, du moins en apparence. Chacune de leurs interactions avec leurs voisins est soigneusement préparée, tout comme chaque pas qu’ils font sur les pelouses impeccables, dont le vert vif cache un terrain miné d’hypocrisie et de violence.
En installant son récit dans les années 1990 près de Besançon, tout en créant une atmosphère visuelle et sonore vibrante, Céline Rouzet brouille nos repères. En attendant la nuit est à la fois un récit d’apprentissage et une critique sociale : c’est l’histoire d’un jeune homme qui se découvre dans les regards de ceux qui l’aiment, mais aussi au cœur d’une société qui le rejette. La dimension horrifique du film sert ingénieusement son propos, en mettant une métaphore du handicap et de la différence face à la rigidité de la norme.
Marie Serale | @marie_serale
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