1. ON PEUT SAUTER (DE HAUT) SUR UN CHEVAL

La scène : Dans La Légende de Zorro de Martin Campbell (2005), Antonio Banderas inter-prète le célèbre justicier masqué, équipé de son sombrero et de sa cape. Accompagné de son fidèle étalon Tornado, il brave tous les dangers et effectue des cascades dignes d’un ninja – notamment lors d’une scène où il saute d’un balcon pour atterrir confortablement sur son cheval (voir la bande-annonce ici).

Le mensonge : Peut-on réellement sauter d’aussi haut pour tomber à califourchon sur sa monture ? Les animateurs de l’émission On n’est pas que des cobayes ont tenté l’expérience dans cette vidéo. Leur verdict ? Après examen de l’anatomie du canasson, il s’avère que la colonne vertébrale de celui-ci ne pourrait pas supporter la chute aussi brutale d’un corps : cela provoquerait des lésions dans ses organes. Ces impressionnants sauts à cheval n’existaient donc probablement pas à l’époque, c’est une pure invention du cinéma qui n’aime rien tant que les cascades repoussant les limites de la réalité. Sur le tournage, on filme le personnage sautant sur un matelas depuis un point élevé, puis sur le dos du cheval depuis le sol de façon amortie et contrôlée. Puis la magie du montage opère, pour nous en mettre plein les yeux en épargnant nos amis les animaux.

Où revoir ce film ? Il est disponible en location sur MyCanal

2. LES INDIENS ATTAQUENT TOUJOURS LES DILIGENCES

La scène : Dans La Chevauchée fantastique (1939), John Ford filme l’évacuation d’un convoi de colons vers le Nouveau Mexique pendant les guerres apaches, qui opposèrent l’armée américaine et des tribus amérindiennes dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Sur le trajet, la diligence est attaquée par des Indiens et leur leader Geronimo, figure historique qui a lutté contre l’implantation des pionniers blancs (des extraits de la séquence sont visibles ici).

Le mensonge : L’affrontement entre Indiens et colons autour d’une diligence est un passage obligé du western, on le retrouve aussi dans Rio Bravo, L’Homme qui tua Liberty Valance ou encore La Prisonnière du désert. Mais dans la réalité, les attaques de diligence par des Indiens étaient rares : « Les tribus indiennes en guerre s’en prenaient plutôt à l’armée. A l’arrivée des Blancs, ils acceptèrent de signer des traités autorisant le passage sur leurs terres. Malgré ces compromis, beaucoup d’Indiens furent ensuite conduits de force dans des contrées inhospita-lières. […] Ils menèrent alors des raids lorsque la situation leur paraissait favorable, n’attaquant qu’à coup sûr, mais cherchant avant tout à se défendre » peut-on lire dans cet article de Géo. On s’accommode de cette entorse à la vérité historique puisqu’elle permet à John Ford de livrer des scènes de poursuite épiques dans la mythique Monument Valley.

Où revoir ce film ? Il est disponible en DVD et blu-ray (éd. Lobster Films)

3. UN VRAI COWBOY PEUT COUPER UNE CORDE AVEC UNE BALLE

La scène : Dans Le Bon, la Brute et le Truand de Sergio Leone (1968), Clint Eastwood incarne un as de la gâchette en pleine guerre de Sécession. Pour empocher une prime, il livre à la police un criminel (Eli Wallach) dont la tête est mise à prix. Alors que le truand est sur le point d’être pendu, Clint Eastwood le libère – car c’est en fait son complice – en coupant la corde à distance avec un tir de fusil parfaitement millimétré (la scène est visible ici).

Le mensonge : Tirer plus vite que son ombre à la Lucky Luke avec une précision digne des plus grands tueurs à gage ? Le tireur de compétition texan Jerry Miculek a fait le test avec plusieurs modèles d’armes correspondant à l’époque des westerns, en se plaçant à quelques mètres d’un mannequin pendu au bout d’une corde (la vidéo est disponible ici). Si la balle du .45 Colt ne coupe pas la corde, celle du fusil Sharps (le même qu’Eastwood dans le film) y parvient mais seulement parce que le tir est effectué sur les fibres fragilisées par le premier tir. Surtout, notre expert est ici beaucoup plus proche de sa cible que le héros dans le film de Sergio Leone… Mais fermons les yeux car sans ce petit mensonge, c’est tout le scénario de ce western spaghetti qui tomberait à l’eau, et l’aura légendaire de Clint Eastwood qui s’évanouirait.
 
Où revoir ce film ? Il est disponible en location sur MyCanal

4. TOUS LES COWBOYS ÉTAIENT BLANCS

La scène : Dans La Rivière rouge d’Howard Hawks (1949), John Wayne campe un cowboy constituant un troupeau de dix mille têtes au bord du Rio Grande. Pour les vendre, il est contraint d’embaucher des dizaines de cowboys pour mener une grande expédition vers le Missouri. Un jour, ce chef caractériel s’apprête à corriger l’un d’eux au fouet devant tous les cow-boys, quand son adjoint (Montgomery Clift) abat soudainement le fautif (voir la bande-annonce ici).

Le mensonge : Cette scène, comme l’ensemble des westerns tournés à l’époque, donne l’impression que tous les cowboys étaient blancs. Pourtant, comme l’explique cette vidéo du Guardian, les historiens estiment que dans les années 1880, 25% des cow-boys étaient Afros-Américains. Le terme « cowboy » aurait d’ailleurs désigné à l’origine spécifiquement les gardiens de troupeau noirs, souvent des esclaves affranchis. Dans les années 1950, alors que la ségrégation raciale sévissait toujours aux États-Unis, Hollywood ne se risqua pas à mettre un cowboy noir au centre d’un film. Mais on compte quelques exemples récents, avec Jamie Foxx en tête d’affiche de Django Unchained de Quentin Tarantino (2013) ou Denzel Washington dans Les 7 Mercenaires (2016) d’Antoine Fuqua.

Où revoir ce film ? Il est disponible en DVD et blu-ray (éd. Wild Side)

Par la rédaction de TroisCouleurs

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