Episode 8 - Le Futur
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Ça n’arrive qu’au cinéma ! Vous voulez savoir comment le septième art se joue de la réalité pour le plaisir du récit ou de la mise en scène ? Redécouvrez les scènes cultes de vos films favoris avec notre fact-checking cinéphile.
En collaboration avec la rédaction de TroisCouleurs.
Des voitures volantes, des androïdes qui se fondent parmi les humains, la Terre qui explose : on explore la façon dont les films ont fantasmé ou craint l’avenir, en faisant souvent fi des progrès technologiques et des théories scientifiques.
1. SE PROMENER EN VOITURE VOLANTE
La scène : Dans sa trilogie Retour vers le futur (1985-1990), Robert Zemeckis met en scène les aventures de Marty McFly (Michael J. Fox) et du Dr. Emmett Brown (Christopher Lloyd), capables de voyager dans le temps grâce à une DeLorean DMC-12. Dans le deuxième volet, sorti en 1989, cette voiture équipée d’un condensateur de flux et de roues amovibles leur permet de tracer dans les airs, comme on peut le voir à la fin de cet extrait. Les héros se propulsent en 2015, soit 30 ans dans le futur par rapport à eux, et découvrent que les villes sont sillonnées par des véhicules aériens.
Le mensonge : Des voitures aussi performantes sur terre que dans les airs ? C’est le fantasme que nous vend régulièrement le cinéma, du premier Star Wars (1977) au Cinquième élément (1997). Mais ce n’est pas encore demain que tout un chacun pourra passer son permis B aérien. Comme l’explique cet article de Business Insider, une telle innovation nécessite de conjuguer la légèreté et l’aérodynamisme d’un engin volant avec la solidité et la lourdeur des équipe-ments nécessaire au pilotage sur route – des exigences contradictoires que les ingénieurs es-sayent encore de résoudre. Si des prototypes existent bien sans être encore commercialisés (par exemple celui développé par LIFT Aircraft), ils ressemblent davantage à des hélicoptères ou à des drones qu’à des cabriolets de sport. Avec de telles machines, les courses-poursuites futuristes de Total Recall (1990) et les décollages poétiques en spinner dans Blade Runner (1982) au-raient plutôt ressemblé à l’émission de France 3 « La Carte au trésor ».
Où voir ce film ? Il est disponible en location sur MyCanal
2. LA TERRE EN FUSION EN 2012
La scène : En 2009, Roland Emmerich imaginait dans 2012 le réchauffement brutal du noyau terrestre, un événement qui aurait été prédit par le calendrier Maya et qui pousse les protagonistes à construire des archipels censés sauver l’humanité d’une série de catastrophes. Parmi elles, de spectaculaires éruptions volcaniques dans le parc de Yellowstone, aux États-Unis, visibles dans cette scène.
Le mensonge : Dans le film, le soleil se met à produire trop de neutrinos, dont l’irradiation provoque la fusion du noyau terrestre, entraînant tremblements de terre, éruptions et tsunamis. Traduction : le cœur de la Terre devient un micro-ondes géant. Une telle apocalypse est-elle crédible ? D’après le physicien Michel Cribier, interrogé par Sciences et avenir, c’est impossible, car les neutrinos ne peuvent pas se métamorphoser en rayonnement, et donc réchauffer la Terre. Par ailleurs, dans le film, les éruptions volcaniques débutent à Yellowstone, aux Etats-Unis. Peu crédible, d’après le volcanologue Anthony Finizola, interrogé dans le même article : « Supposons que le noyau de la Terre commence à chauffer ; alors le magma emprunterait dans un premier temps les cheminées volcaniques déjà ouvertes, celles des volcans en activité par exemple. Il est donc probable que les premières manifestations se situent au niveau d’Hawaii ou de la Réunion ». Ces incohérences ont poussé les chercheurs de la NASA à qualifier le film « d’absurde », reposant sur « l’ignorance la plus totale de l’astronomie, et sur un niveau de paranoïa digne de La Nuit des mort-vivants ». Nul en astronomie certes, mais super fort en effets spéciaux spectaculaires.
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3. DES ROBOTS À L’APPARENCE HUMAINE
La scène : Dans Blade Runner de Ridley Scott (1982), dont l’action se déroule en 2019, un ancien flic (Harrison Ford) est chargé de traquer les réplicants, des androïdes qui se rebellent contre l’exploitation dont ils sont victimes. En faisant passer un test à Rachel (Sean Young), l’assistante du créateur des réplicants, le héros comprend qu’elle est un androïde à qui on a implanté de faux souvenirs. Il lui révèle sa véritable identité dans une scène visible ici.
Le mensonge : Michael Fassbender dans Prometheus (2012), Arnold Schwarzenegger dans Terminator (1984) … La plupart des robots de fictions futuristes ont une forme humanoïde pour mieux tromper le spectateur sur leur identité, mais aussi susciter notre empathie. En réalité, créer des machines ultra réalistes réagissant comme l’être humain est encore très complexe. Nadia Thalmann, chercheuse à la Technological University de Singapour, expliquait au Monde en 2016 : « L’apparence, ce n’est pas très compliqué. Mais quand le robot doit bouger, c’est une autre affaire. » Les traits du visage et la morphologie sont facilement imitables ; les mouvements et la nuance des expressions beaucoup moins. Résultat : la plupart des robots, pour faire illu-sion, doivent rester assis et se taire… Une réalité que le cinéma ignore habilement, pour mieux nous faire croire à un avenir dystopique et fascinant où des intelligences artificielles pourraient nous supplanter.
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4. DES TROUS NOIRS BLEU FLUO
La scène : Dans Le Trou noir de Gary Nelson (1980), odyssée de science-fiction avec Anthony Perkins produite par Walt Disney, un vaisseau spatial découvre, en l’an 2130, un navire en orbite près d’un trou noir. Ce dernier à l’apparence d’un gros tourbillon bleu fluorescent (la bande-annonce est visible ici).
Le mensonge : Disney a voulu aller plus vite que la lumière en représentant un phénomène qui n’avait pas encore été observé en 1980. À l’époque, l’existence des trous noirs était connue mais constituait encore un mystère opaque pour les scientifiques. Pourquoi ? D’après cet article du National Geographic, on ne peut pas directement observer un trou noir. C’est un endroit dans l'espace où la force gravitationnelle est si intense que tout autour est absorbé - même la lumière. Pendant longtemps, aucune photographie directe n’a donc pu établir à quoi ils ressemblaient, les scientifiques pouvaient uniquement déduire sa présence des variations de lumière qu’ils produisaient autour d’eux. Mais en 2019, des astronomes ont réussi à capturer l’image d’un trou noir au centre de la galaxie M87, à plus de 50 millions d’années-lumière de la Terre. On y voit une forme noire ovoïde pourvue d’une « ceinture de feu » irrégulière. Pas tout à fait une spirale bleu fluo, donc. Mais Christopher Nolan avec Interstellar (2014) et Claire Denis avec High Life (2018) avaient, eux, proposé des modélisations par ordinateurs bien plus proches de la réalité, comme le montre ce tweet.
Où voir ce film ? Il est disponible sur Disney +
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