Les Crimes du Futur : entre science-fiction et fable introspective
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Huit années se sont écoulées depuis son dernier film Maps to the Stars (2014) et c’est en compétition officielle du Festival de Cannes 2022 que David Cronenberg fait son grand retour au cinéma. Avec Les Crimes du Futur, le réalisateur canadien maître du body-horror signe une réflexion sur l’évolution de l'espèce humaine mais aussi sur son rapport à l’art, à la sexualité et à la technologie.
“Sommes-nous devenus obsolètes ?”
Cette question posée par le personnage de Caprice (interprétée par Léa Seydoux) résonne comme le point de départ de la réflexion de David Cronenberg. Ce film d’anticipation se déroule dans une ville futuriste ravagée, qui paraît étrangement ancienne. Saul Tenser (Viggo Mortensen), artiste d’avant-garde, réalise des performances qui impliquent la manipulation et la métamorphose de ses organes, avec sa partenaire Caprice. En d’autres termes, ce duo met en scène la chirurgie comme un spectacle. Cette chorégraphie du bistouri fascine Timlin (Kristen Stewart) enquêtrice au Bureau du Registre National des Organes.
Dans Les Crimes du Futur, l’espèce humaine semble subir les conséquences d’une évolution massive. Pour David Cronenberg, la technologie est le prolongement de l’Homme et pourtant, elle l’asservit. Des machines sont conçues pour assister les Hommes dans leurs activités quotidiennes : manger, digérer et même dormir. Au cœur de cet univers trouble, le corps humain en mutation développe des excroissances et des tumeurs inexpliquées. Les sensations semblent être anesthésiées et les pratiques artistiques de Saul et Caprice suscitent le désir de ressentir quelque chose à nouveau. Tatouages d’organes, mutilations esthétiques et opérations font à la fois l’objet d’art et de plaisir. Dans l’univers chaotique des Crimes du Futur, les personnages découvrent peu à peu une nouvelle évolution de l’espèce humaine : la capacité à digérer le plastique. A mi-chemin entre la fable et le thriller dystopique, le film propose une véritable réflexion sur l'avenir de l’humanité et questionne l’évolution de l’art, de l’environnement mais aussi de nos vies quotidiennes.
Une fenêtre sur l’univers de David Cronenberg
Annoncé comme le choc du Festival de Cannes, Les Crimes du Futur se révèle être un film philosophique, mais surtout une réflexion intime du cinéaste et un témoignage de l’ensemble de son œuvre. Dans Les Crimes du Futur, David Cronenberg épouse un genre cinématographique dont l’origine lui est souvent attribuée : le body-horror. Mettre en scène le laid pour réinventer le beau, filmer des corps étranges et monstrueux est un art dont il a le secret. Julia Ducournau, qui a remporté la Palme d’Or en 2021 avec Titane, a souvent cité David Cronenberg comme une inspiration. En effet, le film met en scène une certaine forme de body-horror, notamment avec la fusion entre le corps et le métal.
La richesse des Crimes du Futur réside également dans la multitude de références à l’ensemble du travail de David Cronenberg. Le scénario original de ce nouveau long-métrage a vu le jour il y a plus de 20 ans : un projet de longue date que le réalisateur a pris le temps de mûrir avant de le transposer à l’écran. La monstruosité des corps, la mutation de la sexualité ou encore la création d’un lien entre chair, matériaux et technologies sont autant d’éléments présents dans Les Crimes du Futur et faisant écho aux précédentes oeuvres de David Cronenberg comme La Mouche (1986), Le Festin Nu (1991) ou encore Crash (1996).
Grâce à son esthétique sombre et à la subtilité de ses questionnements, Les Crimes du Futur possède une dimension poétique. Les personnages de Viggo Mortensen et Léa Seydoux constituent une véritable métaphore de l’art et de la créativité, questionnant leur but et leur avenir. La recherche désespérée de la beauté intérieure (au sens propre, parmi les organes humains) des artistes du film peut renvoyer aux interrogations du cinéaste lui-même sur l’avenir de son art, de l’humanité et de notre monde.
Marie Serale | @marie_serale
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