Meryl Streep, Nicole Kidman, Reese Witherspoon, Zoë Kravitz, Laura Dern… la deuxième saison de « Big Little Lies » affiche un casting all stars et coche le bingo des actrices du moment. Alors, les grands noms servent-ils vraiment le contenu ? Aligner autant de têtes d’affiche du cinéma dans une série, est-ce un gage de qualité, où un coup marketing pour démarquer sa production du flot de séries qui inonde les plateformes de VOD ? Au fond, la série n’est-elle pas mieux servies par des acteur·trice·s inconnu·e·s, qui permettent une plus grande identification aux personnages et à ce qu’ils traversent sur le long terme ? 

Focus hexagonal autour de deux séries radicalement opposées. D’un côté, « Family Business » suit une entreprise en pleine crise, contrainte à la diversification, qui se tourne vers le deal de drogue. Après « Marseille » et « Plan Coeur », Netflix partait de loin mais relève le défi d’une série sur les différentes générations qui constituent une famille. Le tout est porté par un Jonathan Cohen qui délivre comme personne, bien aidé par des seconds rôles de qualité. Plutôt une bonne réalisation, pas une très grande série, mais un très bon moment. 

A quoi bon imaginer un futur sombre lorsque le présent l’est déjà ? « Black Mirror », dystopie de référence, revient pour une cinquième saison sans surprises. Rapport aux machines, quelques grammes de pop culture, la recette des débuts s’épuise et ressemble plus à une chronique de la vie moderne qui manque de concision. Est-ce que tout a déjà été dit ? Même la troisième saison de « The Handmaid’s Tale » semble rattrapée par l’actualité, et manque d’anticipation pour retrouver la dimension politique des premiers épisodes. Seule bonne surprise, « Years and Years », série anglaise qui suit sur 15 ans une famille de Manchester alors que le Royaume-Uni se retire de l’Union Européenne. Ce drama familial, qui projette sur la décennie à venir des angoisses bien actuelles, est accessible et populaire. Juste un coup de coeur. 

[Cet épisode contient quelques pincées de spoil] Deux séries de génie, un seul cerveau : Phoebe Waller-Bridge. La finesse d’écriture de cette scénariste anglaise n’est plus à prouver. Pour commenter les dernières créations de cette Woody Allen de la série, Perrine Quennesson et Renan Cros rejoignent Charline Roux.

[Attention spoiler méchant] Nouveau look pour une nouvelle vie. Next Episode est de retour. Et ça tombe bien, Game of Thrones aussi. À l’occasion de sa dernière saison, retour sur la saga phénomène, le succès planétaire, la série dont tout le monde sait prononcer le nom. 

Thomas Lilti adapte son film sur le milieu hospitalier en série. Suite à un virus, les médecins titulaires d’un hôpital public se retrouvent confinés chez eux. Trois internes et un médecin légiste vont devoir gérer seuls le service et les malades. Avec Hippocrate, le cinéaste revisite le genre des séries hospitalières sans tomber dans le cliché et réalise un portrait sans concession des conditions de travail dans les hôpitaux publics français. Tout est pensé dans le détail, la manière de filmer les gestes qui sauvent, la pression sur les médecins, la détresse des patients, la caméra est bien posée tout le temps. Comme pour le long-métrage, le casting fonctionne. Louise Bourgoin, Alice Belaïdi, Zacharie Chasseriaud et Karim Leklou ont réussi à se mettre dans la peau d’un médecin avec beaucoup d’émotion et de justesse. Populaire sans sombrer dans le mielleux, romanesque avec du social, c’est la meilleure série française de l’année. 

D’un côté, « La Vérité sur l’Affaire Harry Québert » écrit par Joël Dicker et diffusé en version très téléfilm sur TF1 avec Jean-Jacques Annaud à la réalisation. Formatée pour plaire à tout le monde, sans vraiment de style ou d’idées, la série accentue les défauts du livre et manque de rythme. Un comble pour l’adaptation d’un « page turner », qui n’est pas relevée par le jeu de Patrick Dempsey. 

Après avoir empêché une attaque terroriste, David Budd, un vétéran de guerre traumatisé, se retrouve chargé de la protection de Julia Montague, secrétaire d'État au ministère de l'Intérieur britannique. Politicienne ultra-conservatrice, elle représente tout ce que son nouveau garde du corps méprise. Une tension à la fois sexuelle et conflictuelle s’installe alors entre les deux protagonistes. Une relation ambiguë qui tient le public en haleine pendant toute la première partie de la saison, mais qui finit par s’essouffler. Même phénomène pour les intrigues politiques. En dépit de cette perte de vitesse, la série reste malgré tout un bon plaisir coupable mêlant thriller, politique et romance. 

Traqué par la CIA et la DGSE et exilé à Moscou, Malotru se retrouve contraint de collaborer avec les services secrets russes. L’espion est-il un traître ? Dans cette quatrième saison, Le Bureau des légendes pose pour la première fois un point de vue extérieur sur l’équipe, dysfonctionnelle depuis la disparition de Duflot. Afin de s’ancrer dans l’air du temps, la série s’intéresse également de très près à la cybersécurité et en profite pour introduire une nouvelle recrue, César, un jeune hacker de la DGSE. Seul bémol : la saison laisse les téléspectateurs sur leur faim en ne concluant qu’une petite partie de ses intrigues. Un détail puisque la série reste toujours aussi captivante et passionnante. À quand une cinquième saison ? 

Très attendue en cette fin d’année, la saison 3 de la série chouchou des français fait chou blanc. Pas de prise de risque, des redondances dans le scénario, des guests à la limite du gag et des intrigues laissées en suspens, Dix pour cent semble s’être installée dans une zone de confort dont elle ne veut plus sortir. A peine diffusés, les épisodes sont déjà datés en raison d’un rythme de production qui les empêche de réagir à l’actualité du cinéma et à ses scandales. Autre coup dur pour la série, Fanny Herrero, sa créatrice, ne reviendra pas pour une quatrième saison. En guise de lot de consolation, les trois derniers épisodes rattrapent les dégâts en se concentrant sur les agents plutôt que sur les invités.